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Quand on n'a pas de trouble psychique, on est en bonne santé mentale : vrai ou faux ?
Alors c'est faux. On peut ressentir un état de mal-être sans présenter un trouble psychique. C'est-à-dire qu'on ne se sent pas particulièrement en forme, on ne se sent pas particulièrement heureux, on peut avoir l'impression que des choses sont à améliorer. Il y a des signes qui peuvent indiquer que la santé mentale est affaiblie. Par exemple, moins de liens avec les autres, moins de plaisir dans des activités du quotidien, le sommeil ou l'alimentation qui se dégradent.
Être en bonne santé mentale, c'est être heureux en permanence : vrai ou faux ?
Alors c'est faux. Être en bonne santé mentale, c'est être dans un état d'équilibre qui permet de faire face aux difficultés du quotidien. Notre santé mentale va varier au fil d'événements. Des petites contrariétés, comme par exemple un retard de transports en commun, une mauvaise nouvelle qui nous arrive. On peut ressentir davantage de stress, davantage de tension, on mobilise, parfois sans s'en rendre compte, un certain nombre de ressources pour essayer d'affronter ce qui nous pose souci. Il y a certaines contrariétés pour lesquelles la majorité d'entre nous va réussir à faire face. Et puis certaines qui sont plus difficiles à traverser, comme le fait de connaître un deuil, une rupture affective douloureuse, connaître des difficultés dans le cadre de l'école, de ses études, ou bien encore de perdre un emploi, et pour lesquels nous aurons besoin de modifier nos comportements, modifier notre manière de voir les choses et d'aller trouver de l'aide à la fois de proches, mais aussi et surtout lorsque nécessaire, de professionnels de santé.
Tout le monde est capable de rebondir en cas de coup dur : vrai ou faux ?
C'est à la fois vrai et faux. Il y a des facteurs qui vont participer à cette résistance ou résilience. Par exemple, notre histoire de vie personnelle, notre bagage familial, ce que l'on a su développer comme capacités à faire face à travers l'aide extérieure, le soutien social, le soutien émotionnel que nos proches peuvent nous apporter. Et puis la santé mentale va varier, va fluctuer tout au long de la vie. Il y a des périodes pendant lesquelles cette santé mentale peut être un peu plus fragilisée, et c'est notamment ce que l'on retrouve durant l'adolescence ou l'entrée dans l'âge adulte, ou bien encore plus tard dans la vie, comme par exemple le changement de contexte professionnel, ou bien des changements physiologiques comme la ménopause. La bonne nouvelle est que nous pouvons toutes et tous améliorer nos capacités à faire face aux difficultés. Nous pouvons toutes et tous apprendre à être plus résilients et résilientes, à mieux réguler certaines de nos pensées. On peut aussi l'améliorer à travers l'aide extérieure, le soutien social, le soutien émotionnel que nos proches ou que des professionnels peuvent nous apporter.
Arnaud Carré : “Être en bonne santé mentale, c'est être dans un état d'équilibre.”
Arnaud Carré, Enseignant-Chercheur en Psychologie à l’université Savoie Mont Blanc, démêle le vrai du faux sur la définition de la santé mentale et sur notre capacité à rebondir en cas de coup dur. 3 min