Arnaud Carré : “Ma santé mentale ne dépend pas que de moi. Elle dépend en fait de plusieurs facteurs.”

Arnaud Carré, enseignant-chercheur en Psychologie à l’université Savoie Mont Blanc, démêle le vrai du faux sur les déterminants de la santé mentale et notre capacité à agir. 3 min

Ma santé mentale ne dépend que de moi : vrai ou faux ?

C'est faux. Ma santé mentale ne dépend pas que de moi. Elle dépend en fait de plusieurs facteurs. Il y a qui je suis et il y a également comment je vis et où je vis, dans quel contexte je vis. En ce qui concerne qui je suis, il y a le fait d'être un homme ou une femme, l'âge que l'on a. Il y a aussi la satisfaction que l'on ressent de nos relations affectives, sociales, intimes. Concernant le comment je vis, il y a l'endroit où j'habite, par exemple le logement, il y a le fait d'être en ville ou bien encore à la campagne. Et puis il y a la question de son travail, de ses études, de ses revenus qui vont participer à ma bonne santé mentale, ou parfois à la fragilisation de ma santé mentale. Ma santé mentale va également être très sensible à l'environnement dans lequel je vis. Est-ce qu'il s'agit d'un environnement pollué avec des problèmes de sécurité ? Est-ce qu'il s'agit d'un environnement dans lequel je trouve des ressources en termes d'éducation ou de culture ?

On peut agir sur tout ce qui influence sa santé mentale : vrai ou faux ?

Malheureusement, c'est faux. Il y a des changements que l'on peut essayer de mettre en œuvre soi-même qui vont prendre un certain temps, comme par exemple changer d'orientation scolaire, changer de travail. Et puis, parfois, on a besoin d'être accompagné par des professionnels de santé. Et puis, au niveau de la société, je ne peux pas forcément agir directement. Cela nécessite une action collective, comme par exemple, ce qui permettra de changer des politiques de santé, l'offre de soins et la prévention, ou bien encore des politiques éducatives et culturelles.

Il existe des solutions accessibles à toutes et tous : vrai ou faux ?

C'est vrai. Il existe des facteurs sur lesquels je peux agir pour ma santé mentale. Par exemple, au niveau individuel, je peux apprendre à gérer mon stress ou à réguler mes émotions. À l'échelle du groupe, je peux aussi agir pour ma santé mentale en m'engageant dans des activités associatives. Et puis, globalement, tout ce qui nous amène à prendre du temps auprès de notre entourage, qu'il s'agisse de nos amis, de notre famille, ou bien encore de collègues, ou de voisins ou de voisines.